Sourire aux lèvres, Geneviève ouvre sa porte à Blanca, bénévole chez les Petits Frères des pauvres. Derrière ses lunettes aux verres teintés, ses yeux pétillent. Les deux femmes s'installent à la cuisine, une petite pièce exiguë et sobre, tout en longueur. D'un côté, deux chaises et une petite table recouverte d'une toile cirée. De l'autre, le nécessaire de cuisine est accolé le long du mur. Peu de décoration, juste le calendrier et l'horloge près du réfrigérateur.
Geneviève attendait Blanca avec impatience. «Je vis seule. Je suis plutôt indépendante mais la solitude me pèse», confie-elle. Alors, cette visite, c'est un peu le point d'orgue de sa semaine. Vêtue d'un chemisier fuchsia, une petite montre portée en pendentif autour du cou, Geneviève ira aujourd'hui boire un café en terrasse avec sa bénévole.
Ne lui parlez pas de «troisième âge», cette expression l'a toujours rebutée. Geneviève se voit plutôt en «aînée». Et une aînée autonome, malgré ses 80 ans passés. Elle fait ses courses toute seule, son ménage aussi. Chaque matin, elle prend sa canne blanche et parcourt son quartier du 13e arrondissement de Paris pendant une à deux heures. «La canne c'est parce que je ne vois plus très bien depuis mon opération de greffe de l'orbite osseuse. Mais c'est surtout un signe envoyé aux gens, pour éviter qu'eux ne me bousculent. Avec la canne, ils font plus attention», note-t-el