Menu
Libération
Repères

Comment la France a négligé l’immigration du travail

Article réservé aux abonnés
Alors que se tient ce mercredi après-midi une réunion interministérielle visant à améliorer la situation des Roms en France, un récent avis du Haut conseil à l’intégration pointe les paradoxes de la politique française.
publié le 21 août 2012 à 23h03

Réguler les flux migratoires et intégrer les immigrés déjà présents sur le territoire: tels sont les deux principaux axes de tout gouvernement en matière d'immigration. Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, a déjà confié que le second terme de l'équation lui semblait au moins aussi important que le premier. Sous cet angle, un avis du mois de juin du Haut conseil à l'intégration (HCI) est intéressant à décrypter (lire ici en PDF). D'autant que son seul intitulé, «Intégrer dans une économie de sous emploi», montre sa brûlante actualité. Et s'il conforte quelques idées reçues sur l'emploi des immigrés, les nombreux détails chiffrés sont très sévères pour notre modèle d'intégration.

Le contexte global n'est pas évident: depuis trente ans, l'industrie française a perdu 36% de ses effectifs. Le résultat en terme d'emploi s'en suit, et s'est même aggravé dans le temps: «Les descendants d'immigrés non européens (qui sont pour la plupart français), même s'ils accèdent plus fréquemment aux études supérieures, ont un taux de chômage supérieur à celui de leurs parents (24,2% pour 20,2%) qui est globalement le double de celui des Français de naissance (8,7%).» Pour les enquêteurs du HCI, une des énormes erreurs de la France est d'avoir oublié que si les immigrés sont historiquement surtout venus dans le cadre du rapprochement familial (80%), à raison de 88 000 personnes en moyenne chaque année, leur