Menu
Libération
TRIBUNE

Monsieur le Président, n’oubliez pas la rafle du 26 août 1942

Article réservé aux abonnés
par Charles L’Eplattenier
publié le 22 août 2012 à 19h07

Monsieur le Président,

j’ai grandement apprécié qu’à la suite de Jacques Chirac vous ayez, en présidant à la commémoration de la rafle du Vél d’Hiv de juillet 1942, reconnu la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs. N’en déplaise à M. Guaino, la France n’était pas seulement à Londres, mais aussi dans le pays occupé, la France collaboratrice et la France attentiste y étant alors bien présentes !

Cependant, je m’étonne que semble tombée dans l’oubli la rafle similaire qui eut lieu dans la zone dite «non occupée», le 26 août de la même année. Dans le cadre de sa «solution finale», Hitler réclamait au gouvernement de Vichy un contingent de 10 000 Juifs étrangers résidant dans la France du sud, certains depuis des années et, parmi eux, des Allemands ayant résisté au nazisme.

Comme à Paris, l’opération fut réalisée par la police française. Heureusement, sauvant l’honneur, des policiers eurent le courage de prévenir ceux qu’ils devaient arrêter, si bien que ne furent «raflés» et conduits dans des camps d’internement provisoires que 3 000 à 4 000 (ma mémoire hésite) des Juifs visés par l’opération. Ces milliers de personnes ont été incorporées aux sinistres convois de l’été 1942 vers les camps de Drancy et Auschwitz.

Si je me permets d’évoquer ainsi ce tragique élément de l’histoire de la guerre, qui n’est pas un «détail», c’est que j’en fus un témoin de très près. Jeune équipier de la Cimade (association de solidarité avec les migrants, les réfugiés et les demandeurs