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Libération
TRIBUNE

Une xénophobie normale

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publié le 30 août 2012 à 19h06

Pendant cent jours et plus, la «présidence normale» aura occupé les gazettes : chacun y est allé de son commentaire - soulagé, irrité ou amusé. Sans doute, à force de ressassement, a-t-on fini par s’en lasser. Reste que François Hollande aura d’abord réussi à imposer moins un style que la discussion sur son style. Ainsi, la rupture avec le sarkozysme se veut avant tout formelle, au risque d’être seulement… pour la forme.

De fait, Nicolas Sarkozy avait déjà réussi un tour comparable. La fascination horrifiée pour le bling-bling faisait trop souvent oublier l’essentiel : l’homme se fût-il montré de bon goût, eût-il fallu pour autant fermer les yeux sur la politique du Président ? Aujourd’hui, on glose doctement sur un Hollande jugé, par contraste, normal (ou pas, ou moins qu’on ne le dit…). Or cette rupture affichée occulte des continuités inavouées. Et si le nouveau chef de l’Etat joue la normalité, n’est-on pas encouragé à trouver normale sa politique - même quand il se contente de reprendre les termes du régime précédent ? Le changement de forme légitime ainsi l’absence de changement sur le fond.

C’est toute l’ambiguïté de la «normalisation» actuelle en matière de politique d’immigration. Retour à la normale, diront certains : nous voici débarrassés de la xénophobie d’Etat ostentatoire. Effectivement, le style n’est plus le même : on cesse de se vanter d’en faire toujours plus ; on revendique même d’avoir abandonné la politique du chiffre. Mais normalisation signifie aussi ba