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Libération

Le dossier médical personnel, une bonne idée qui a mal tourné

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publié le 3 septembre 2012 à 22h06
(mis à jour le 4 septembre 2012 à 11h32)

Ce devait être, au début des années 2000, la réforme clé d'un retour à l'équilibre, avec une gestion enfin adulte de la santé publique en France. Selon les mots du ministre de la Santé de l'époque, Philippe Douste-Blazy, le dossier médical personnel (DMP) allait apporter «plusieurs milliards d'économies».

Et pourquoi pas ? Sur le papier, le DMP présente bien des avantages : voilà un dossier unique permettant à tous les acteurs de savoir précisément l’histoire du patient, d’éviter ainsi des interactions médicamenteuses, sources de dizaines de milliers d’hospitalisations. En plus, la constitution du DMP pose des questions intéressantes. Qui le remplit ? Qui a accès ? Par exemple, une personne qui a eu une IVG ou a fait une tentative de suicide peut ne pas avoir envie que cela se sache. Qui décide ? Et d’autres questions encore : peut-on y mettre des directives anticipées, le refus de donner des organes, etc. On a compris, c’était un beau projet. Et dans des pays comme le Danemark, où ce dossier existe depuis des années, il se révélait particulièrement utile.

Mais voilà, en France, il arrive que l'on mette beaucoup de talent à casser de bonnes idées. Le DMP a été créé par la loi du 13 août 2004. Huit ans plus tard, le Point a publié les extraits d'un prérapport de la Cour des comptes sur le sujet, dans lequel les conseillers s'en donnent à cœur joie, évoquant une opacité autour des «coûts engagés», dénonçant «une insuffisance grave de suivi financie