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Libération
EDITORIAL

Critique

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publié le 4 septembre 2012 à 21h46

Professeur de philosophie, directeur de recherche au CNRS, auteur d'importants ouvrages académiques, Vincent Peillon est l'un des trop rares intellectuels de notre paysage politique. Lorsqu'il s'exprime sur ses objets d'études et de prédilection - la République, l'école et la laïcité -, il sait de quoi il parle. C'est à cette aune que son annonce d'un «retour de la morale jusqu'à la terminale» doit être interrogée. La «morale laïque» a-t-il précisé, se référant à Buisson (pas Patrick mais Ferdinand, cofondateur de la Ligue des droits de l'homme), renvoyant à cette IIIe République qu'il connaît par cœur comme chercheur et non comme ces nostalgiques néorépublicains folkloristes de la blouse grise qu'il aime d'ailleurs railler. Mais l'idée simple et si précieuse de laïcité peut-elle et, surtout, doit-elle encore s'encombrer d'une morale ? N'est-elle pas précisément le meilleur antidote à toutes les moralines, religieuses notamment ? Au lieu de «réarmement moral», pourquoi Vincent Peillon n'a-t-il pas plutôt évoqué la nécessité d'un renforcement, non plus de l'instruction civique ni même de l'éducation civique, mais du véritable enseignement civique qui fait tant défaut à notre République au risque de mettre à terme en danger son caractère démocratique ? La morale n'étant ni une discipline ni une catéchèse, mais une pratique individuelle, cet enseignement civique devrait mobiliser de la maternelle à l'université l'ensemble des savoirs des sc