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Libération
grand angle

L’itinéraire fou d’un chauffeur de taxi

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Bruno Cholet, 55 ans, est jugé à Paris pour le meurtre d’une étudiante suédoise en 2008. Ce violeur récidiviste apparaît comme un mythomane pathétique grandi entre foyers et prison.
publié le 10 septembre 2012 à 19h06

Le gendarme entre paniqué, en agitant les bras. «Le détenu est nu !

- Nu ? répète la présidente de la cour d'assises. On ne peut pas lui mettre une chemise de force ?»

-Non.»

La présidente est excédée. «Amenez-le nu, et j'ordonnerai son expulsion, on est en plein délit d'exhibition sexuelle !»

C’était vendredi matin, au quatrième jour du procès de Bruno Cholet. L’ex- chauffeur de taxi clandestin, 55 ans, comparaît jusqu’à la fin de cette semaine pour le meurtre d’une jeune Suédoise, Susanna Zetterberg, tuée en 2008 à Paris. Il clame son innocence. Des preuves matérielles l’accablent. Il crie au complot policier. Mais, quoi qu’il dise, il ne réussit qu’à aggraver l’exaspération de la présidente, l’hostilité du public. Bruno Cholet est un accusé qui ne passe pas. Il a beau s’exprimer parfaitement, avec des phrases bien faites, il tire contre son camp, tout le temps. Son strip-tease de vendredi, par exemple. Il voulait protester contre le fait que, depuis quatre jours, il est privé de vêtements de rechange, de repas du soir, de conditions de repos décentes. La cour n’a retenu que la grossièreté de son geste. La justice est un système rationnel. Bruno Cholet est un homme dont la vie entière est l’antithèse de la raison.

La violence, la folie, il vient de là. Son parcours de violeur et de délinquant récidiviste en atteste, mais cela commence bien avant. A la naissance, sa mère le place «pour pouvoir travailler». Elle l'a conçu, lui