Menu
Libération
Enquête

Saint-Denis : le cynisme des proprios

Article réservé aux abonnés
Les marchands de sommeil du 39, rue Gabriel-Péri, où le feu a fait trois morts, étaient dans le collimateur de la justice.
publié le 12 septembre 2012 à 22h16

Héléna Fokuo avait déposé plainte en décembre 2011 contre la SCI qui continuait à encaisser le loyer de son appartement. Son immeuble, un taudis dans le centre de Saint-Denis, était sous le coup d'un arrêté de péril depuis décembre 2008, statut qui exonère les locataires de payer leur loyer. Depuis des années, comme tous les autres locataires, elle vivait sans eau, dans des conditions d'une incroyable vétusté. Dans le même temps, la mairie de Saint-Denis faisait un signalement au procureur de Bobigny pour l'alerter de la situation inquiétante du bâtiment sur le plan de la sécurité, demandant que des poursuites pénales soient engagées à l'encontre de ces «copropriétaires indélicats», euphémisme désignant les marchands de sommeil qui sévissaient au 39 de la rue Gabriel-Péri. Le parquet a transmis en mars le dossier à la cellule de police de Seine-Saint-Denis spécialisée dans l'habitat indigne. Six mois plus tard, les policiers ont fini par convoquer le gérant de la SCI, principale propriétaire. Il était prévu qu'il soit entendu… hier. Un peu tard. Dans la nuit de samedi à dimanche, l'immeuble de la rue Gabriel-Péri a brûlé. Trois personnes sont mortes dans l'incendie. Dont Héléna Fokuo et son mari.

Piège. La procureure de Bobigny a ouvert hier une information judiciaire pour homicides et blessures involontaires, aggravés par le manquement à une obligation de sécurité. Les causes de l'incendie sont encore inconnues. Mais le juge d'instruction devra déte