«Ça sent l'égout, vous ne trouvez pas ?» Sœur Marie-Elisabeth, l'économe générale de la congrégation qui gère le foyer Notre-Dame-de-la-Joie, s'éloigne de la rive en évitant les flaques qui risqueraient de tacher ses socquettes blanches. Il y a tout juste un an, le beau miroir posé au bas du château des sœurs dominicaines du Saint-Esprit, près de Berné, dans le Morbihan, s'est brisé.
Le 11 septembre 2011, l'étang de Pont-Calleck, vaste retenue de 14 hectares, s'est vidé tel une chasse d'eau monstrueuse, ses boues denses étouffant deux jours durant le Scorff, la rivière située en contrebas qui court vers Lorient et la mer, à 35 kilomètres de là. Né d'un barrage élevé à la fin du XIIIe siècle, il était le fleuron de la région, on y venait de Lorient et Vannes en promenade ou pour pêcher. Il abritait des poissons, bien sûr, mais aussi des loutres - dont le retour est très surveillé en Bretagne -, ce qui lui valait d'être classé, sur sa partie haute, zone protégée Natura 2000. «Et les grèbes, se demande sœur Marie-Elisabeth, où sont-elles passées ? Elles faisaient leur nid au fil de l'eau, se promenaient avec les petits sur le dos, c'était ravissant.»
Aujourd’hui, le grand étang est un immense cloaque traversé par une maigre rivière qui cherche son chemin dans la vase, parfois profonde d’un mètre. Il se meurt, victime d’un accident technique et d’une décision prise, paradoxe, au nom de la préservation des équilibres naturels.
«Eviter les pollutions»
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