L'islam institutionnel français se tient sur une périlleuse ligne de crête. D'un côté la condamnation des caricatures publiées hier par Charlie Hebdo, de l'autre, les appels au calme. Considérant les dessins «insultants» pour l'islam, le Conseil français du culte musulman (CFCM) estime qu'ils constituent un nouvel «acte islamophobe». Pour sa part, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, appelle «à ne pas verser de l'huile sur le feu». Un ton qui se retrouve chez l'ensemble des leaders musulmans, soucieux que l'Hexagone ne soit pas le théâtre de débordements.
Convoqués hier matin par le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, les responsables musulmans, même s'ils sont heurtés, jouent le jeu de la légalité républicaine. Seront-ils entendus sur le terrain ? «Jusqu'à maintenant, nous avons réussi à bien gérer la situation», estime le président de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans), Ahmed Jaballah, en référence aux incidents de la semaine dernière. Mais il évoque désormais un certain «sentiment d'impuissance».
Polémique. Les uns et les autres ont entendu le message clair du gouvernement sur l'interdiction de toute manifestation. Cependant, le président de l'UOIF ne souhaite pas se prononcer sur le fait d'une plus grande mobilisation dans les jours à venir. Ahmet Ogras, vice-président du CFCM et représentant de l'islam turc, estime peu vraisemblab