«J'ai beaucoup de mal avec des termes comme "vocation", "sacerdoce", "mission" : tout ce champ lexical tient du religieux et nie qu'enseigner est un métier qui s'apprend, où l'on peut reconnaître une expertise. C'est l'image globale de la profession qui est à reconstruire.
«A l’IUFM où je suis formateur (1), un tiers de mon public est en reconversion professionnelle. Ce sont des gens qui ont exercé un autre métier par le passé et leur rapport à la formation est du coup très sain : ils veulent se saisir d’outils pour apprendre à enseigner. C’est différent avec les jeunes enseignants qui sont souvent amoureux de leur matière, passionnés, mais pas du tout préparés à la dimension pédagogique. Or un savant ne fait pas forcément un bon enseignant. Transmettre, faire apprendre, justement, ça s’apprend.
«C’est vrai que, côté recrutement, la mastérisation a asséché le vivier. Pas dans toutes les filières. Mais quand on est en master de maths, d’éco-gestion, de sciences, et que l’on se compare avec ceux qui vont aller vers des professions plus rémunératrices, mieux valorisées, ça fait réfléchir. D’autant que les deux premières années d’entrée dans le métier d’enseignant se font dans des conditions très dégradées. C’est dissuasif. Seuls les plus convaincus se présentent au concours.
«Plus globalement dans la société, notre image s'est inversée. Je suis prof de SES [sciences économiques et sociales, ndlr] en lycée depuis trente et un ans. Autrefois, en f