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Libération
TRIBUNE

Taubira fait du Churchill

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par Sylvain Cormier, Avocat
publié le 9 octobre 2012 à 19h06

«Good luck, Madame Taubira», écrivait l'avocat Daniel Soulez Larivière à l'adresse de la garde des Sceaux sur le Huffington Post, le 29 août. L'apostrophe en anglais était prémonitoire. Madame Taubira a annoncé son intention de diminuer le nombre de prisonniers. Il s'agit de faire prévaloir les alternatives à l'enfermement comme mode de sanction. C'est d'ailleurs l'objectif imparti à la France par les nouvelles règles pénitentiaires européennes. L'annonce de la garde des Sceaux est courageuse car les litanies invoquant le laxisme se feront entendre. Le choix de la ministre est pourtant des plus raisonnés. Diminuer le nombre de prisonniers est un enjeu majeur de nos démocraties.

Aujourd’hui, un constat s’impose : les démocraties occidentales enferment beaucoup.

Les peines d’emprisonnement sont fréquemment prononcées. L’exemple des comparutions immédiates est éloquent. Il suffit de s’y rendre pour ressentir un profond malaise. Socialement tout d’abord, ce sont les plus pauvres, les plus démunis qui font l’objet de ce traitement. La détention y est presque systématiquement demandée par le procureur de la République. Le tribunal y fait bien souvent droit. Concrètement, le prévenu est à peine jugé que le juge lui pose les questions qui lui permettront de renseigner le formulaire destiné à l’administration pénitentiaire. Dans les tribunaux les plus importants, ce sont parfois des dizaines de condamnés par jour qui sont conduits en prison.

Le choix assumé de Madame T