Marseille est à maints égards une ville désespérante. Comment une cité autant gâtée par la géographie a-t-elle pu à ce point échouer ? Marseille ne dispose-t-elle pas de l’une des plus belles baies d’Europe, composée qui plus est à la fois d’un abri naturel (le Vieux-Port) et d’une rade en eau profonde, autorisant les navires à fort tirant d’eau à accoster directement dans la ville ? Sa position stratégique dans le Bassin méditerranéen ne lui a-t-elle pas permis de devenir, au cours de son âge d’or, au XIX
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siècle, la «porte de l’Orient» ? Enfin, son site, une vaste plaine littorale entourée de collines, n’a-t-il pas offert à la ville la possibilité de s’étendre, au point que Marseille, avec ses 240 km
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, est une commune 2,5 fois plus grande que Paris et 5 fois plus grande que Lyon ? La ville, fondée par les Grecs vers 600 avant J.-C., peut en outre s’enorgueillir d’être la plus ancienne de France.
Déclin. Marseille semble bénie des dieux. Comment peut-elle avoir gâché de tels atouts ? L'histoire récente ne l'a pas épargnée. Marseille ne s'est jamais vraiment remise de la perte des colonies de l'Empire français, perdant son statut de grand port marchand. Puis elle est touchée de plein fouet par la crise industrialo-portuaire des années 60-70, qui occasionne la perte de plusieurs dizaines de milliers d'emplois. A cette crise économique s'ajoute un déclin démographique préoccupant : entre 1975 et 1995, la ville a perdu 120 000 habitants.
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