Il était une heure et demi, dans la nuit de mercredi à jeudi. Cela faisait treize ans qu'elles attendaient. Nina et Stéphanie (1), parties civiles au procès des tournantes de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), ont reçu le coup de fil de leurs avocates qui leur annonçait le verdict. Quatre condamnations sur quatorze accusés. Des peines allant de trois ans avec sursis à un an ferme maximum - pour des viols passibles de vingt ans. Nina et Stéphanie se sont «effondrées».
Une quarantaine de fois face aux enquêteurs, puis une journée entière chacune au procès, Nina et Stéphanie ont raconté comment des garçons des cités de Fontenay-sous-Bois et des alentours les avaient violées en groupe, en 1999. Six mois durant, quasiment tous les jours, pour Nina. A cinq, quinze ou vingt. «Attendant leur tour», enchaînant fellation, viol anal, viol vaginal.
Devant les policiers, les accusés s'étaient dénoncés les uns les autres, donnant des détails. Au procès, ils se sont rétractés. Evoquant des «relations consenties». Nina et Stéphanie, a expliqué l'un d'eux, étaient «les plus grosses putes de Fontenay». C'est «volontairement» qu'elles proposaient, à des inconnus à peine croisés, une fellation dans une cave, une sodomie dans l'escalier.
La cour d'assises semble avoir été sensible à cet argumentaire. Soulignant, en motivation de certains acquittements, «les déplacements volontaires à pied» de Nina pour se rendre dans un appartement où elle subis