Les «entrées de ville» sont devenues, vers la fin du siècle dernier, la bête noire des paysagistes. Ces zones indéfinissables, ni dans la ville ni hors la ville, sont nées de l'usage croissant de l'automobile. C'est à l'automobiliste que s'adressent leurs enseignes géantes et leurs vastes parkings. Leur attrait, c'est qu'elles sont commodes pour les ménages motorisés, à qui leurs grandes surfaces permettent de quasiment tout trouver, et de grouper par exemple les achats en fin de semaine. Elles sont par excellence l'expression de la consommation de masse des biens durables, qui sous le nom de fordisme a soutenu l'économie du XXe siècle. Elles ne sont pas belles, certes ; mais sérieusement, que pourrait-on leur reprocher ? Et après tout, sont-elles vraiment si laides ?
Il s'est effectivement trouvé des spécialistes de l'esthétique pour soutenir qu'avec le temps, nous finirons bien par trouver belles ces choses qu'aujourd'hui nous trouvons laides, parkings, lignes à haute tension et autres manifestations de la modernité. Ce ne serait pas la première fois dans l'histoire. Avant le XVIIIe siècle, ne trouvait-on pas affreux les paysages alpins ? Et la notion même de paysage n'est-elle pas apparue à la Renaissance en Europe, au IVe siècle en Chine ? Au fond, tout cela ne serait qu'affaire de regard subjectif…
Il est impossible de contredire de telles vues sur le seul terrain de l’esthétique. Des goûts et des couleurs, on n’en finit pas de discuter. M