Et puis vint Gilles Fumey. Professeur de géographie culturelle à la Sorbonne, où il a convaincu ses collègues de créer un master «alimentation et cultures alimentaires», Gilles Fumey incarne l’idée qu’on ne se fait pas de la géographie (1). Autrement dit, celle de professeurs qui, comme lui - ils se multiplient -, vous font adorer la géographie car ils lui donnent de l’âme. Et surtout un sens, qui dépasse l’inventaire fastidieux des données démographiques, industrielles, rurales, urbaines… du globe terrestre, assénées à coups de par cœur à des élèves morts d’ennui.
En 1998, un an après le festival de Saint-Dié qui inaugura le premier «café géo», Gilles Fumey s'en inspire pour bâtir avec ses étudiants un réseau et, désormais, une habitude de se réunir pour refaire le monde au café, comme le faisaient les étudiants allemands à la fin du XIXe siècle. Des «cafés géo», il y en a maintenant un peu partout en France, et dans quelque 24 villes francophones. A Paris, amateurs et experts se réunissent désormais aux Café de Flore, après avoir squatté d'autres bistrots. On y parle prison, finance, cinéma, animaux, énergie, musique, gastronomie, odeurs… bref tous les champs possible des préoccupations humaines et citoyennes à l'aune du spatial. De géo, les cafés sont aussi devenus «carto», «humanitaires» et déclenchent des vocations de défricheurs. Sortir de l'école, fuir l'académisme, était en 1990, le projet du festival de géographie de Saint-Dié, qui tient sa 23e