Le projet du gouvernement de réforme de la famille, qui sera présenté en Conseil des ministres le 31 octobre, est si triste qu’on a envie de pleurer de désespoir. Non pas parce qu’il proposerait des choses injustes, inhumaines et cruelles, comme stériliser les personnes moches, pauvres, ou paresseuses. Ce qui chagrine, c’est sa petitesse, sa mesquinerie, son absence totale d’imagination politique pour donner à la population les moyens de bâtir des vies plus ouvertes, plus généreuses, plus riches, plus réussies.
On dira que ce projet est à la hauteur des espérances de la population elle-même, ce qui est incontestable. C’est la société civile qui peine à produire des idées et des projets plus novateurs. Ce n’est peut-être pas la tâche d’un gouvernement de se substituer à elle. L’utopie progressiste actuelle est, en substance, l’égalité de tous les couples à voir leur union institutionnalisée, ainsi que l’accès à l’enfant, le trophée des marginaux de jadis. Tout un chacun doit avoir le droit d’obtenir des papiers qui reconnaissent qu’il est bien le mari, l’épouse de quelqu’un, et d’autres qui prouvent qu’il est bien le parent d’un enfant. Comme si le mot d’ordre était que tout un chacun ait les moyens de vivre dans les carcans de la famille nucléaire et d’être malheureux comme tout le monde.
Or, dans le domaine familial, le mot égalité ne devrait pas être confondu avec l’uniformité des styles de vie. Au contraire. Son sens devrait être celui de donner aux individus les mêmes droi