C'est la grande polémique de cette rentrée sanitaire. Nos médicaments seraient… pourris. Bénéficiant d'une grosse promotion dans les médias, un Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux est paru le mois dernier, écrit par le pneumologue Philippe Even et l'urologue Bernard Debré, deux mandarins retraités. Le livre fait un tabac. Pour la première fois, le professeur Dominique Maraninchi, directeur de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), y répond.
40% des médicaments seraient inutiles et dangereux, et on ne vous entend pas. La toute nouvelle agence que vous présidez n’a-t-elle rien à en dire ?
Avant d’entrer dans cette polémique, quelques chiffres pour fixer le paysage. En France en 2011, ce sont 3 000 substances actives, 10 000 spécialités, et au final 15 000 présentations de médicaments. Qu’il y en ait beaucoup, voire trop , c’est une évidence. Que l’on en consomme beaucoup, voire trop, nul ne le conteste, et cette surconsommation peut présenter des risques. Selon nos derniers chiffres, chaque Français consomme en moyenne 48 boîtes de médicaments par an. Mais il faut regarder dans le détail : il y a surconsommation de certaines classes médicamenteuses et pas de certaines autres.
Cela empire-t-il avec le temps ?
Non, la croissance dans la consommation s’est stabilisée : en 2011 elle est la même qu’il y a cinq ans.
Lorsque Philippe Even et Bernard Debré écrivent que 40% des médicaments sont inutiles ou dangereux, sont-ils des menteurs ?
Je ne juge pas, je dis que c’est simpliste d’affirmer cela. Ils mélangent tout. Quel est l’enjeu en termes de santé publique ? Le bon usage des médicaments. Pour cela, à l’Agence nous travaillons d’abord de façon réactive : quand des signaux de risque nous arrivent, on réagit. Exemple, l’Actos - un antidiabé