Ancien maire (PCF) de Sartène (Corse-du-Sud), ex-député européen, Dominique Bucchini siège à l’Assemblée de Corse depuis 1984. Il en est le président depuis 2010. Victime d’une tentative d’assassinat en 1996 pour s’être opposé aux nationalistes, l’homme politique - ex-enseignant - de 69 ans est aussi une figure morale très respectée sur l’île.
Vous disiez à la rentrée que «la société corse est vraiment mal en point». Que pouvez-vous dire aujourd’hui après le meurtre d’un avocat ?
Je ne vais pas dire que l’on a atteint le summum de la violence : à chaque fois qu’on le dit, il se produit encore quelque chose de pire ! Mais, avec le meurtre d’un avocat, on tue non seulement un homme mais aussi des principes, le droit et la liberté. Il n’y a plus de limite, on tue des femmes, des hommes sous les yeux de leurs enfants, on a le sentiment que l’escalade ne va jamais s’arrêter.
Vous avez créé il y a deux ans une commission contre la violence. Quelle est son action ?
Elle est composée d’élus, qui sont chargés d’auditionner des acteurs de la société civile sur les violences. Des victimes, des sociologues, des historiens… Un premier prérapport d’étape a été écrit, je l’ai remis au président de la République. Ce travail continue et la commission se réunit de nouveau le 13 novembre. C’est un travail de longue haleine, qui vise à toucher et sensibiliser toute une génération. Nous espérons un sursaut collectif. Nous avons déjà pointé les trois principaux facteurs explicatifs de la croissance exponentielle de la violence aujourd’hui sur l’île : la spéculation immobilière, qui attise les convoitises du milieu ; la pénétration de l’économie par l’argent sale ; et la précarité. Tous les signaux sont au rouge : l’emploi,