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Libération
Reportage

Le tribunal d’Ajaccio à Corse et à cri

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Les confrères de l’avocat Antoine Sollacaro, tué mardi, ressassent colère, tristesse et incompréhension face à une violence qui n’épargne personne.
publié le 17 octobre 2012 à 22h17

En bas des marches du palais de justice, une jeune femme pleure entourée d'avocats. Elle ne porte pas la robe noire, doit passer la semaine prochaine les examens finaux pour intégrer la profession. Elle est là parce que l'on a assassiné, mardi, son père, l'ancien bâtonnier Antoine Sollacaro, 63 ans, sur la route des Sanguinaires, en Corse. Sur les marches, le bâtonnier d'Ajaccio, Marc Maroselli, dénonce la «lâcheté», l'escalade, la «folie meurtrière». On a tué un avocat et tout le monde répète qu'un «nouveau cap» a été franchi. «Plus personne n'est à l'abri, dit-il. Même la parole qui dérange, on peut lui imposer le silence par la mort.»

Pourquoi Antoine Sollacaro est-il mort ? Il ne se sentait pas menacé, n'a jamais confié la moindre inquiétude à son fils. La veille de son assassinat, il dînait avec Maroselli, ne se montrait pas particulièrement préoccupé. «Il roulait à scooter ou dans sa Porsche décapotable, il se déplaçait seul, sans précaution particulière. Il n'avait aucune raison d'imaginer que l'on s'en prendrait à lui», raconte le bâtonnier.

Pourtant, mardi matin, alors qu’il venait d’acheter son journal dans une station-service, une moto BMW de grosse cylindrée est arrivée, deux hommes portaient des casques clairs. Devant deux clients et le caissier, le passager est descendu, a tiré avec un pistolet semi-automatique. Puis s’est approché encore, et a achevé l’avocat de plusieurs projectiles dans le crâne. L’autopsie