Menu
Libération
témoignages

«Ça m’intéresse, c’est ma ville, c’est normal de participer»

Article réservé aux abonnés
Des habitants de Saint-Denis, Français, étrangers, ou bi-nationaux racontent leur vision du droit de vote.
Mohamed, Larbi et Samir. Le second espère que la mesure sera adoptée, afin de pouvoir voter pour la première fois après soixante ans en France. (Photo Jean-Michel Sicot)
publié le 19 octobre 2012 à 23h13

A Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), un quart des 106 000 habitants est de nationalité étrangère. Ici, le droit de vote des étrangers aux élections locales, promesse que l'Elysée semble de moins en moins pressé de mettre en oeuvre, n'est pas une mesure anodine. Paroles de Dyonisiens, Français, étrangers ou bi-nationaux.

«Pour être comme mes enfants et pour pouvoir voter»

Larbi a 76 ans. Il a débarqué d'Algérie en France en 1952, à l'âge de 16 ans. Ses parents sont morts en France. Ses huit enfants y sont nés. Eux sont tous Français, comme ses petits enfants. Il y a une douzaine d'années, à l'heure de la retraite, Larbi a voulu demander la nationalité française. «Pour être comme mes enfants et pour pouvoir voter.» Avant, il n'y avait pas vraiment songé. Il est de cette génération qui a longtemps cru repartir un jour au pays. Mais Larbi n'a pas réussi à obtenir sa nationalité, il s'est perdu dans la paperasse et a fini par abandonner. Alors, il compte sur le droit de vote des étrangers. «Même si c'est que local, ça m'intéresse, c'est ma ville, c'est normal de participer.» Le jour où nous l'avons rencontré dans le centre-ville de Saint-Denis, Larbi était avec deux amis, Mohamed, 61 ans et Samir, 56 ans. Tous deux ont obtenu leur nationalité française et votent donc. Mohamed, comptable fraîchement retraité, l'a prise tardivement, à la cinquantaine, justement pour avoir le droi