Menu
Libération

Clichy, zone d’écriture prioritaire

Article réservé aux abonnés
Pendant un an, des lycéens de Clichy-sous-Bois, suivis par un écrivain et leur professeure, ont raconté leur banlieue. Au final, «Ce jour-là», un roman sans fioriture ni caricature.
publié le 23 octobre 2012 à 22h16

Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, ses voitures qui brûlent, ses jeunes qui zonent en bas des immeubles, son trafic de drogue… A mille lieux de l’image éculée d’une ville à feu et à sang, les lycéens clichois signent, avec l’écrivain Tanguy Viel, un étonnant roman urbain, où les moments de bonheur alternent avec un désespoir sans fond, et les amours contrariés avec les rêves d’Amérique.

Fruit d’une aventure collective et littéraire, ce livre fait la preuve que la banlieue mérite mieux qu’une caricature - un monde peuplé de racailles, de chouffes (guetteurs) et autres trafiquant en tous genres.

L'histoire de «Ce jour-là» (ed. Joca seria) a débuté au sein du lycée Alfred-Nobel de Clichy-sous-Bois, gros établissement en forme de paquebot bâti au bord d'une cité. Sylvie Cadinot-Romerio, qui y est professeure de français depuis vingt ans, a déjà fait plusieurs ateliers d'écriture avec les élèves. Mais cette fois, elle veut aller plus loin et pense à un roman. «Les élèves ne supportent plus les discours qu'ils entendent sur eux, dit-elle. Ils y opposent un autre discours politiquement correct du genre "tout va bien à Clichy-sous-Bois", qui n'est pas plus réel, et l'on se trouve avec une réalité falsifiée de part et d'autre.»

«Vrai roman». Pour permettre une parole libre, quoi de mieux qu'un roman où, caché derrière des personnages fictifs, on laisse filer bien plus de soi que les discours convenus ? «Les élèves n