Chacun sait que la réussite scolaire n’est pas qu’une affaire de talent personnel, comme le montre la faible proportion des étudiants issus des milieux sociaux populaires et intermédiaires dans nos établissements d’enseignement supérieur. La diversification sociale de l’enseignement supérieur sélectif doit moins chercher à répondre à des impératifs de justice sociale qu’aux exigences de la méritocratie, car la valeur du mérite scolaire dépend de la capacité qu’ont les institutions à réduire le rôle des facteurs sociaux dans la sélection des candidats. Il s’agit de recruter les meilleurs, non les semblables.
La diversification sociale est aussi un objectif intellectuel et pédagogique. Elle permet d’offrir à chaque étudiant un cadre de vie et de travail plus ouvert, pluraliste, humainement édifiant et intellectuellement stimulant, qui contraste avec l’uniformisation prévalant au sein de la plupart des établissements sélectifs. Le conformisme que génèrent les promotions socialement homogènes est particulièrement préjudiciable dans un temps qui appelle l’esprit d’innovation. Saluons donc la politique de diversification menée à Sciences-Po par Richard Descoings. Grâce à lui, entre 2001 et 2012, la proportion d’enfants d’ouvriers inscrits dans l’établissement est passée de 1% à 4,5% ; celle d’enfants d’employés est passée de 2% à 7,5%. On ne peut pas citer beaucoup d’établissements comparables qui font mieux.
Ce progrès est le résultat d’une politique fondée sur un triptyque : réfor