Chaque mot est pesé. Et chaque mot fait entendre, du mieux possible malgré le peu de liberté que leur laisse leur fonction, l'immense amertume des policiers du Renseignement toulousain. Christian Ballé-Andui, patron de la Direction régionale du renseignement intérieur (DRRI), et «Hassan», brigadier, étaient chargés du suivi de Mohamed Merah. Ils n'ont pas pu empêcher ses crimes. Ils s'en veulent, allant jusqu'à détourner l'exercice de l'audition devant un juge d'instruction pour présenter leurs condoléances aux victimes. Mais cette fonction de rempart, d'alerte, qu'ils auraient dû jouer, ils veulent faire comprendre qu'on leur a interdit de l'exercer. Que les décisions de leurs supérieurs de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) à Levallois-Perret ont sans cesse abouti à ce que Mohamed Merah ne soit pas inquiété. Cela bien qu'eux-mêmes aient souligné, près d'un an avant les faits, son très fort «potentiel de dangerosité». La lecture de leurs auditions, que Libération a pu consulter, permet de dégager trois dates-clés.
Hépatite. La première est le 15 juin 2011 : fortement «inquiets» au sujet de Mohamed Merah, les policiers toulousains veulent transmettre son dossier au parquet antiterroriste. Merah est alors suivi depuis 2006 «dans le cadre de la surveillance de la mouvance salafiste toulousaine». Son comportement est de plus en plus préoccupant - «cloîtré, méfiant, paranoïaque», notent-ils. Début