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Libération
Interview

«Ceux qui ont péri sont toujours avec moi»

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L'affaire Merahdossier
Seule victime rescapée de la tuerie d’Ozar Hatorah, Bryan Bijaoui, 15 ans, a accepté de rencontrer «Libération» :
publié le 1er novembre 2012 à 22h06

C'est le premier sourire que l'on voit sur son visage. Le regard grave, perdu dans le vague depuis plus d'une heure, soudain s'éclaire. Les pommettes remontent. Bryan Bijaoui, 15 ans et demi, joli look jean-baskets, grands yeux noirs, cheveux bruns bouclés, parle de «la vie d'avant». Il raconte son arrivée à l'âge de 13 ans, comme pensionnaire, à l'école toulousaine d'Ozar Hatorah. L'impression de «faire partie d'une famille» avec les quarante autres membres de l'internat. «Entre nous, on s'appelait frère, ou cousin.» Bryan sourit maintenant franchement. Il dit : «Là-bas, j'avais l'impression d'être en train de devenir un homme.»

Le 19 mars, un peu avant 8 heures du matin, Mohamed Merah a garé son scooter devant l’école. Il a sorti un pistolet-mitrailleur et abattu Jonathan Sandler, professeur de religion, et ses deux fils, Gabriel, 3 ans, et Arieh, 6 ans. Les élèves se sont dispersés dans la cour en hurlant, Merah a poursuivi la petite Myriam Monsonégo, 8 ans. Bryan Bijaoui courait avec elle, il voulait l’emmener à l’abri. Merah a tiré sur Bryan et tué Myriam à bout portant.

«Effroi». L'adolescent a passé quarante-huit heures plongé dans un coma artificiel, entre la vie et la mort. Un mois et demi en soins intensifs à l'hôpital. Il a été opéré du poumon - transpercé par une balle -, de l'estomac, des intestins. Il est la seule victime rescapée de la tuerie. De cela, il ne veut pas parler publiquement. C'est la seconde fois