C'est le syndrome «moi, m'sieur, j'ai rien fait». Si Aurore Martin a été livrée jeudi à la justice espagnole, Manuel Valls n'y est pour rien, juré-craché : «Ce n'est pas du ressort du ministre de l'Intérieur. Je n'ai pris ici aucune décision», affirme-t-il dans Sud Ouest hier. Selon Manuel Valls, l'affaire est limpide : seule la justice est concernée, et elle était tenue d'appliquer une décision contre laquelle il n'y avait plus de recours.
D'après le ministre de l'Intérieur, la militante basque de Batasuna recherchée depuis 2010 en vertu d'un mandat d'arrêt européen (MAE) «a été arrêtée lors d'un contrôle routier, habituel en cette période de vacances». Ensuite, la justice a fait son travail, exécutant le MAE : «Si j'étais intervenu, j'aurais pu être accusé à juste titre de violation des règles fondamentales de séparation des pouvoirs.»
Mais le malaise persiste. Car, comme l'a expliqué la garde des Sceaux, Christiane Taubira, samedi, Aurore Martin est livrée «uniquement pour sa participation aux manifestations publiques illégales de Batasuna s'étant déroulées sur le territoire espagnol». En France, Batasuna est légal. Mais, en Espagne, le parti est considéré comme une filiale d'ETA.
Résultat : remise pour des faits non répréhensibles dans l'Hexagone, Aurore Martin, 33 ans, placée vendredi en détention provisoire, risque un maximum de douze ans de prison pour «appartenance à une organisation terroriste». Valls ose un bémol :