Dans la salle d'équipe du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), Emmanuelle Antonetti-Ndiaye tend un miroir. Rond, rouge, au plastique fatigué, c'est un de ces miroirs que l'on a gardé au fond d'un tiroir, longtemps après avoir arrêté de jouer à la princesse. «Je l'ai trouvé chez moi, raconte la gynécologue. C'est mon outil de travail.» Lors de chaque première consultation avec ses patientes, Emmanuelle Antonetti-Ndiaye leur propose d'observer cette partie de leur corps qu'elles connaissent mal et qui, pourtant, les amène dans cette unité de soins. Sa spécialité : accueillir les femmes victimes d'excision. Et répondre à leur demande d'opération chirurgicale réparatrice.
Le bilan de l'unité de soins est surprenant : sur la centaine de femmes qui viennent en consultation chaque année, seules 10% ont finalement recours à l'opération chirurgicale. «On s'est rendu compte que les femmes viennent davantage avec une demande d'accompagnement et de prise en charge traumatique qui les aide à vivre mieux», explique la gynécologue. «Leur demande est très souvent plus globale que la chirurgie. Elles veulent retrouver leur intégrité corporelle et cela ne passe pas forcément par le bistouri», complète Sokhna Fall, la psychothérapeute et anthropologue de l'unité de soins. «Les femmes arrivent souvent en disant "on m'a enlevé quelque chose"», rajoute leur collègue Laura Beltran, sexologue.
Voilà l'équipe au