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grand angle

Notre-Dame-des-Landes, tribus en guerre

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Au cœur du bocage nantais, la contestation du projet d’aéroport bat son plein. Rencontre.
Michel Tarin, paysan, et Marie Jarnoux, précaire, opposants à l'aéroport. (Photos Franck Tomps pour Libération)
publié le 14 novembre 2012 à 22h06
(mis à jour le 15 novembre 2012 à 15h05)

Dans le hangar ouvert à tous vents, on prend le café et les consignes, on vient apporter son soutien… Sur de longues tables s'empilent vêtements et vivres ; à terre, du matériel d'escalade et de bricolage. C'est dans ce bâtiment agricole rebaptisé la Vache Rit que, depuis trois ans, bat le pouls de la résistance au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. Ici aussi qu'une partie des «délogés» ont trouvé refuge après l'opération massive d'expulsion menée par les forces de l'ordre depuis la mi-octobre. Les matelas sont alignés à même le sol dans l'ancienne étable. On prépare activement la manifestation de samedi. Objectifs : mobiliser (47 collectifs de soutien se sont créés en France, les cars sont prêts à partir) ; réoccuper les terres, édifier de nouvelles maisons pour empêcher ce projet qu'ils qualifient de «pharaonique» ; sauvegarder les 1 700 hectares de terres agricoles et ce magnifique paysage de bocage épargné par le remembrement, avec ses haieset ses forêts touffues mêlant pins et châtaigniers.

Le mouvement de contestation, né dès les années 70, est aujourd’hui très bigarré. Il y a les paysans du cru, opposants historiques, forts de la tradition de lutte syndicale ouvrière et paysanne en Loire-Atlantique. Les riverains, les familles locataires des maisons préemptées par le conseil général et aujourd’hui transmises au concessionnaire du futur aéroport, le géant du BTP Vinci. Les «squatters», ces jeunes «hors-sol» qui, depuis 2009, sont venus