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Interview

«Cette politique restrictive sur l’immigration de travail ne répond pas aux besoins de l’économie»

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Pour le chercheur El Mouhoub Mouhoud, la France doit rattraper son retard sur les autres pays de l’OCDE :
publié le 27 novembre 2012 à 22h16

El Mouhoub Mouhoud est professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine, auteur d’un rapport sur l’immigration pour Terra Nova.

Pourquoi l’immigration du travail est-elle si faible en France ?

Contrairement au piège dans lequel le débat public a été enfermé, le problème de l'efficacité des politiques d'immigration n'est pas entre fermeture ou ouverture. D'abord, la France n'est plus un grand pays d'accueil. Elle présente l'un des taux d'immigration les plus faibles des pays de l'OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques, ndlr], soit deux fois et demi moins que la moyenne des pays de la zone [0,67% des flux au sein de l'OCDE]. En termes d'immigration nette [rapport entre les entrants et les sortants], 100 000 individus par an s'installent en France, soit 0,2% de la population. Cette politique restrictive sur l'immigration de travail ne permet pas de répondre aux besoins de l'économie. Les flux sont en effet trop bas pour l'immigration de travail, qui représente 20 300 personnes en 2009, soit 11% de la totalité. En réalité, la politique d'immigration régulière à des fins d'emplois est tellement restrictive que les besoins des employeurs et des régions en difficulté de recrutement s'assouvissent aussi par le recours à l'immigration clandestine, qui tient lieu de variable d'ajustement.

Comment expliquer qu’une immigration du travail n’est pas une menace pour l’emploi en France ?

D’abord, à court ou moyen terme, même avec un taux de chômage de 10%, on a besoin d’immigrés pour répondre aux difficultés de recrutement dans certains secteurs. On doit avoir en tête la polarisation de la spé