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Interview

«La politique française restrictive sur l’immigration de travail ne permet pas de répondre aux besoins de l’économie»

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Professeur d'économie et spécialiste des questions migratoires, El Mouhoub Mouhoud dessine les enjeux de la politique du gouvernement pour les prochaines années.
publié le 27 novembre 2012 à 22h24

El Mouhoub Mouhoud est professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine, et spécialiste des questions migratoires. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Mondialisation et délocalisation des entreprises (La Découverte, 2011). Il a aussi participé à un rapport sur l'immigration pour le think tank Terra Nova pendant la campagne pour l'élection présidentielle (1).

Vous n’hésitez pas à dire que la France n’a pas de politique d’immigration, au mieux une politique injuste et inefficace. Pourquoi ?

Une politique d’immigration est une politique rationnelle qui ne se substitue pas aux autres politiques du marché du travail mais qui tient compte des besoins de l’économie française à court ou moyen terme. Inefficacité et inéquité sont les deux caractéristiques de la politique française sur l'immigration depuis plusieurs années, particulièrement sous Nicolas Sarkozy car la loi sur «l’immigration choisie» n’est pas en mesure de répondre aux objectifs visés par la politique de sélection, à savoir l’attractivité de la France pour les personnels hautement qualifiés. Le signal envoyé aux migrants très qualifiés par une politique française répressive, alliée à une communication xénophobe récurrente, influence négativement les stratégies d’émigration des plus qualifiés d’entre eux.

En outre, en France, dominent les statuts précaires qui placent les migrants dans un état de stress permanent et de défiance devant la puissance publique. La «carte de séjour temporaire» d’une durée d’un an renouvelable constitue le titre de séjour de droit commun. Même la carte «compétences et talents» qui devait en principe permet