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Libération
Interview

Périple révolutionnaire d’un grognard

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Points de vue et cartes du mondeavec les Editions Autrement
publié le 30 novembre 2012 à 19h02

Il y a deux cents ans, en décembre 1812, l'histoire militaire connaissait l'une des débâcles les plus terribles : la retraite de Russie. Historien et membre de l'Institut d'histoire de la Révolution, Bernard Gainot a dressé la carte des voyages d'un grognard, Jean-Roch Coignet, capitaine dans presque toutes les campagnes de Napoléon. Ses cahiers, Aux vieux de la Vieille, furent constamment réédités.

Les «cahiers» du capitaine Coignet ont été un best-seller au XIXe siècle.

Les mémoires du capitaine Coignet dépeignent bien ce qui constitue le plus petit dénominateur commun des différents témoignages de vétérans. Une bonne partie de l’opinion publique s’est reconnue dans ses écrits. Ses mémoires sont un témoignage majeur de l’épopée impériale. Il ne manque que la campagne d’Egypte.

Que raconte-t-il de la campagne de Russie ?

C’est avant tout le récit d’un survivant, car peu en sont revenus. Sur 680 000 hommes, seuls 50 000 rentreront. La «Grande Armée» était détruite à 90 ou 95%. Les températures cette année-là furent très contrastées : arrivées en Russie pendant une vague de chaleur et de sécheresse, les troupes durent ensuite affronter la pluie et la boue. Il n’y avait presque pas de routes. Puis l’hiver fut extrêmement précoce et rigoureux. Dès le 12 octobre, les soldats sont dans la neige. Un redoux explique le passage de la Bérézina : la rivière glacée avait fondu. Arrive une nouvelle vague de froid terrible, il fait alors -40°C. Les soldats sont épuisés, beaucoup atteints par la dysenterie et le typhus. On meurt plus de froid et de maladies que dans les combats. Coignet décrit un