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publié le 30 novembre 2012 à 19h26

En France, les suicides sont la cause de trois fois plus de décès que les accidents de la route. On en compte entre 11 000 et 12 000 par an. Mais les budgets consacrés à leur prévention sont presque quatre fois moins élevés que ceux de la sécurité routière. On dit que ceci est normal parce que les suicidés cherchent à mourir, à la différence des victimes d’accidents de la route. Pourtant, on considère que ceux qui se donnent la mort ne sont pas en pleine possession de leurs moyens. On pense qu’ils sont atteints de troubles psychiques, sauf quand ils sont accablés par une maladie grave et incurable et qu’ils cherchent à mourir dans la dignité. Dès lors, on ne peut pas affirmer qu’ils cherchaient consciemment et volontairement à mourir. En vérité, il n’y aurait pas tant de différence que cela entre les morts par suicide et ceux qui périssent dans un accident de voiture.

On prétend que prévenir les accidents de la route est beaucoup plus simple que les suicides, et ceci expliquerait la différence de budgets que l’on consacre aux uns et aux autres. Il faudrait venir voir chaque personne chez elle pour détecter des signes annonciateurs d’un comportement suicidaire. Et si l’on se mettait à signaler les personnes de notre entourage qui nous semblent susceptibles de se suicider, nous nous sentirions surveillés et protégés comme des petits enfants. La seule solution envisageable, même si elle paraît paradoxale, serait de donner à l’Etat la charge d’aider les personnes à mourir, au lie