Sa voix tremble, elle jette des regards à son avocat. «C'est pas l'argent qu'on leur a donné le problème. On est là pour le côté moral. Ils ont gâché cinq années de notre vie.» A l'automne 2007, Cécile Hervy préparait avec son mari la chambre pour accueillir «l'orphelin du Darfour» que l'association l'Arche de Zoé devait lui confier. Aujourd'hui, elle est partie civile au procès devant le tribunal correctionnel de Paris. A la nuée de journalistes qui la relance sur son attente stérile, l'achat des vêtements, le papier peint, les jouets, elle répond dans un souffle : «Si vous saviez.»
A la barre des prévenus, ils devaient être six, jugés depuis hier et jusqu'au 12 décembre pour «exercice illicite de l'activité d'intermédiaire pour l'adoption», «aide au séjour irrégulier» et «escroquerie». Ils ne sont que quatre. Et on ne parle que des deux absents : Eric Breteau, président de l'association, et sa compagne, Emilie Lelouch, instigateurs du projet d'«évacuation» en France de 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour. A leur arrestation, le 25 octobre 2007, ils avaient expliqué qu'il s'agissait d'un «accueil d'urgence» mais pas d'une filière d'adoption. Le site Internet de l'association évoquait pourtant, au sujet des démarches des familles, une «demande de droit d'asile suivie d'une demande d'adoption». Et le projet a été financé par les dons des 358 familles membres, qui comptaient pouvoi