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Analyse

En France, des interdits artificiels

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Cannabis pour tous ?dossier
Depuis des années, les hommes politiques privilégient les préjugés aux données objectives.
publié le 5 décembre 2012 à 21h36
(mis à jour le 6 décembre 2012 à 11h13)

Et en France, alors ? Business as usual : on ne voit rien, on n'entend rien, on ne dit rien. Les trois singes. La France des élus, à part quelques exceptions individuelles et les Verts, ne veut pas ouvrir le débat sur les drogues illégales. Trop dangereux : cela obligerait à regarder la réalité en face. Celle d'une prohibition inefficace et coûteuse, qui n'empêche pas de hauts niveaux de consommation - les 15-24 ans sont les champions d'Europe du pétard (1).

Aux Pays-Bas, contrée beaucoup plus tolérante avec les consommateurs, il y a, en proportion de la population, moitié moins de fumeurs. La plupart des études le montrent : interdit et niveaux de consommation ne sont pas liés. Mais les élus français refusent de le voir, préférant leurs préjugés et leurs fantasmes. Et celui qui lève ce tabou se fait immédiatement aboyer dessus. Ainsi, quand un ministre - Vincent Peillon - émet une évidence, à savoir que la pénalisation de l’usage ne fonctionne pas, droite et gauche lui tombent dessus. Belle union nationale. Alors qu’il a raison…

La France ne croit qu'à la répression, elle a tort. Elle ne croit pas à la prévention, n'y met pas les moyens (lire l'interview de William Loewenstein ci-contre) : elle a tort aussi. Comment expliquer que cet aveuglement perdure ?

«Loups». En 1978, les socialistes s'étaient engagés à dépénaliser l'usage. En 1981, la promesse était oubliée. Selon la sociologue Anne Coppel, François Mitterrand aurait dit : «Surtout,