Vendredi, Alain, intérimaire de 56 ans, est convoqué au tribunal d'instance en vue de l'expulsion de son logement pour un arriéré de… deux mois de loyers. Au printemps dernier, il a eu une baisse de revenus à laquelle il n'a pas réussi à faire face. «Je suis dans un cycle où dès que je retrouve du travail, je paie mes dettes et j'ai l'impression de ne jamais sortir la tête de l'eau.»
Après un licenciement en 1997, Alain, ancien employé dans la logistique, a tenté une reconversion dans l'agriculture, sans succès. Depuis, il ne travaille plus qu'en intérim. «Durant une période, je m'en sortais, les contrats étaient longs. Mais la situation a changé à partir de 2008.» Il avait alors un contrat de dix-huit mois chez Renault Trucks à Bourg-en-Bresse, lorsque le constructeur a licencié brutalement ses 800 intérimaires. «Dès qu'il y a un ralentissement, nous sommes les premiers à trinquer, dans l'indifférence.» Aujourd'hui, Alain n'a quasiment plus que des missions d'une semaine. «D'un mois à l'autre, je peux perdre 40% de revenus. C'est le lot des intérimaires mais je crois qu'aucun autre travailleur n'accepterait de subir de telles baisses…»
En décembre, il n'a que trois jours de travail de prévus. «J'ai le chômage quand je ne travaille pas mais, même avec mes 1 080 euros, je ne m'en sors pas.» Il doit payer son loyer (600 euros) et plusieurs crédits. Inscrit dans une trentaine d'agences d'intérim dans sa région, il est obligé de calcule