Louis Maurin, directeur de l’observatoire des inégalités, revient sur les annonces du gouvernement. Dont il pointe les insuffisances.
Les mesures annoncées vous paraissent-elles satisfaisantes?
Encore une fois, on est dans les discours et la communication. Ces annonces sont des bouts de mesures qui ne permettent pas du tout de lutter contre la pauvreté. Augmenter de 50 euros sur cinq ans le RSA, c’est ridicule. François Hollande a fait campagne en disant que la jeunesse serait sa priorité. Au final, nous sommes très loin du changement promis. Le plus décevant, c’est que les membres du gouvernement n’assument pas. Qu’ils n’aillent pas prendre comme prétexte l’état des finances publiques. La situation était connue bien avant la présidentielle. Tout est une question de choix. On préfère mettre 10 milliards dans le choc de compétitivité qu’aider les plus démunis. A partir du moment où la décision a été prise de ne pas augmenter les impôts, la partie était déjà jouée.
Le rapport publié lundi par le gouvernement fait état de plus de 8,5 millions de pauvres en France. Une personne sur sept serait donc touchée…
Attention, en s’en tenant à ces données, on caricature à l’extrême. En disant cela, je ne cherche évidemment pas à relativiser les choses, la pauvreté augmente. Mais en maximisant les chiffres, on aboutit à l’effet inverse. C’est contre-productif politiquement. Pour ma part, je considère que le seuil de pauvreté (fixé généralement à 60% du niveau de vie médian, ndlr) n’est pas satisfaisant. Pour une personne seule, cela correspond à un peu moins de 1 000 euros mensuels (964 euros mensuels, ndlr). Pour une famille avec deux enfants, c’est 2 400 euros. Cela ne correspond plus à