Professeur de bioéthique à la faculté de médecine de l’Université de Genève, Alexandre Mauron évoque le dispositif suisse de suicide assisté.
Pourquoi la Suisse a-t-elle adopté un dispositif permettant le suicide assisté, et non l’euthanasie comme aux Pays-Bas ou en Belgique ?
Il est essentiel de comprendre que la légalité de l'assistance altruiste au suicide résulte d'un débat fort ancien, qui se situe à la fin du XIXe siècle. Ce débat intervient lors de la rédaction d'un code pénal fédéral et lors de ces discussions, pour les juristes dès lors que l'on est dans un Etat laïque où le suicide n'est pas condamné pénalement, il ne peut y avoir de complicité. L'assistance à un suicide ne peut être en soi un délit. Pour que l'aide au suicide devienne un délit, il faut que l'aide repose sur une motivation égoïste. On le voit, ce débat n'est pas du tout un débat médical.
C’est-à-dire ?
Les exemples de suicides assistés évoqués à l’époque sont des suicides liées à des histoires d’honneur perdu, ou d’amants malheureux, les malades désirant mourir ne sont qu’une situation parmi d’autres. On n’est pas, le plus souvent, dans une problématique d’éthique médicale.
Depuis ce débat, que s’est-il passé ?
Le code pénal fédéral a été adopté en 1937. Et nous sommes restés sur ce cadre-là. A partir de la fin des années 80, cette thématique est revenue dans le débat public, parce qu’apparaissent des façons de participer à un suicide assisté qui ne sont pas de simples arrangements privés entre citoyens. Des associations d’aide au suicide assisté émergent, associations souvent militantes.
Et que disent les autorités fédérales ?
Elles se tiennent plutôt en retrait ; ce sont des parlementaires qui prennent conscience