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Libération
Enquête

Campagnes à feu et à sangliers

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Ils retournent les gazons, ravagent les récoltes, percutent trains et voitures et pullulent. Reportage dans la Somme et dans la Meuse où chasseurs et agriculteurs traquent les porcs sauvages, ou bien craquent.
publié le 21 décembre 2012 à 20h31

Des sangliers labourent votre gazon, vident l'écuelle du chien, se baignent dans votre piscine, bloquent votre train ou détruisent vos cultures de maïs ? Ne cherchez plus : Xavier Crêté est l'homme qu'il vous faut. «On m'appelle, j'interviens. Je suis spécialisé dans les trucs infernaux. J'envoie les chiens, je fais sortir les gus de la pièce de maïs. Si le gars a quelques bracelets (1), on essaye de "réaliser", de tuer quelques bêtes.»Le colosse raconte ça, sans la ramener, écroulé dans son fauteuil, au soir d'un beau samedi de chasse en compagnie d'un sénateur, dans la Somme qui l'a vu naître. Il a tué lui-même «deux grosses laies», son gilet, en rentrant, était taché de sang : «Excusez-moi, je viens de dépecer quatre bêtes.» La cheminée prussienne crépite. «J'ai tué mon premier à 17 ans, le second à 35  ans : il n'y en avait pas à l'époque.» Désormais, ils pullulent. Il dit qu'il en a tué «200 ou 220» en 37 saisons.

Xavier Crêté, 55 ans, est traqueur. Avec ses chiens, il sort les sangliers de leur planque et les rabat vers les chasseurs, qui tentent de les tuer quand ils ne tirent pas «comme des pies». Si les sangliers sont blessés ou menacent ses chiens, il les finit à l'épieu, une dague qui ressemble à la lance de Rahan. «On doit être cinq en Somme à faire ça.» Pas loin du toréador. Cela s'appelle «servir» le sanglier : «Ce n'est pas un geste anodin. C'est noble. On va quand même lui ôt