Bruno, Antonio et Othmane voulaient en finir avec Nicolas Sarkozy. Ils ont surtout voté pour ça, au printemps, espérant aussi une hausse du Smic et le sauvetage de Peugeot. Leur contrat rempli, ils n'ont pas eu le temps de souffler. Dès juillet, le plan social différé par la droite était accepté par le nouveau gouvernement. L'automne n'a apporté que des désillusions à ceux qui restent, entre chômage partiel et pouvoir d'achat en baisse (1).
Février 2012, l'espoir fait revivre
Visages fermés, traits tirés, ils allongent le pas, aimantés vers la sortie. Comme par réflexe, sans un mot, ils touchent la main de ceux qui entrent, claquent la portière de leur 208, ou se posent dans le bus qui les ramène à Besançon ou en Haute-Saône. «Ras-le-bol !»lance un grand type. Pas aimable, l'équipe du matin ? «Levés à 4 heures, huit heures de boulot dans les pattes, ils n'ont qu'une envie, se casser», explique Othmane, collègue de jour.
Il est 13h12. L'heure d'embaucher par un vrai jour d'hiver, à Sochaux PSA. Le parking est gelé, le gris des usines se perd dans celui du ciel. Dans huit minutes, Othmane sera devant sa machine, un engin de 50 mètres de long qu'il est seul à piloter. Une pause toutes les deux heures, dans «la salle conviviale», toujours vide depuis qu'il est interdit d'y fumer. Quelques cafés, le sandwich fait maison à la mi-temps. A 21h12, visage fermé, traits ti