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Libération
TRIBUNE

Du bon usage de la pilule

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Faut-il avoir peur de la pilule ?dossier
Ces retombées médiatiques à la suite d’un accident dramatique risquent, si des informations claires ne sont pas délivrées, d’inquiéter des centaines de milliers de femmes...
par Alfred SPIRA, Epidémiologiste université Paris- Sud, Nathalie Bajos, Sociologue-démographe (Inserm), Caroline Moreau, Médecin épidémiologiste, (Inserm) et Danielle Hassoun, Gynécologue
publié le 3 janvier 2013 à 19h06

«Alerte sur la pilule» et autres titres alarmistes ont fait la une de plusieurs quotidiens et radios à la suite d’une plainte déposée par une jeune femme victime d’un accident vasculaire cérébral alors qu’elle utilisait une pilule contraceptive de troisième génération. Ces retombées médiatiques à la suite d’un accident dramatique risquent, si des informations claires ne sont pas délivrées, d’inquiéter des centaines de milliers de femmes, voire d’en conduire certaines à arrêter leur contraception sans en discuter au préalable avec un médecin. Elles s’exposeraient alors à une grossesse non souhaitée et à un risque plus grand pour leur santé que celui qu’elles encourent en utilisant la pilule, quelle qu’elle soit. Au Royaume-Uni, en 1995, la médiatisation d’un rapport sur les risques des pilules de troisième génération s’était ainsi accompagnée d’une baisse du recours à la pilule et d’une augmentation des grossesses non prévues et des IVG.

Il faut reconnaître que la situation est confuse : si certaines pilules sont plus à risque que d’autres, pourquoi les avoir autorisées et en avoir remboursé certaines ? Et si la décision est prise de les dérembourser au motif qu’elles sont plus à risque, alors pourquoi les laisser en vente ?

Il faut d'abord rappeler que la pilule contraceptive est une des plus grandes avancées médicales et sociales du XXe siècle. En permettant aux femmes, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, de maîtriser efficacement leur fécondité et