La qualité de l'adulte changerait-elle la qualification des faits et le choix des mots ? Deux jeunes filles, de respectivement 16 et 17 ans - Camille et Geneviève -, qui quittent le domicile familial sans avertir leurs parents (oubli regrettable, convenons-en) sont des «fugueuses» (c'est la loi qui le dit). Deux ou trois chefs d'entreprise ou acteurs, qui quittent leur pays, sans avertir davantage les pouvoirs publics, sont, quant à eux, des «évadés». Et pourquoi n'inverserions-nous pas les termes ?
Pourquoi ne parlerions-nous pas d’«évadées familiales» et de «fugueurs fiscaux» ?
Qu'est-ce que ça change, me direz-vous ? Mais tout. Devenus «fugueurs», les adultes entrepreneurs tombent sous le coup de la loi, et tous les moyens sont permis pour les «récupérer» (horrible mot utilisé par les parents de Camille et Geneviève pour reconduire leurs enfants au bercail). Devenues au contraire «évadées familiales», nos grandes mineures de 16 - 17 ans accéderaient, du même coup, à une certaine légitimité (n'est-il pas de tradition que tout prisonnier a le droit de s'évader - que c'est même un devoir pour ceux qu'on nomme «les prisonniers de guerre» ?)
J’entends vos murmures, chers lecteurs. Vous m’interpellez : «Mais monsieur Fize, dîtes-vous par hasard que la famille est une prison ?» A quoi je rétorque : «Ah bon ! Elle ne l’est pas ?» «Parfois, non ?» André Gide se serait-il trompé complètement ? J’en doute.
Mais je clarifie ma position. Il y a famille et famill