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Libération
Chronique Ré/jouissances

Les filles de l’air

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publié le 7 janvier 2013 à 19h07

Elles ont 16 et 17 ans. Elles sont lycéennes et se prénomment Geneviève et Camille. Ce mois de décembre, elles ont rallié le camp des alternatifs qui bricolent une utopie Larzac - Tarnac sur des terres promises aux avions de ligne. Elles ont passé une demi-saison dans cet «enfer» choisi, d’où elles sont revenues pleines d’usages et de déraison, fières d’avoir inventé leur liberté et saisi leur risque.

Celles qu’on appelle «les fugueuses de Notre-Dame-des-Landes» bottent les fesses à bien des inquiétudes dans lesquelles le monde adulte calfeutre les générations à venir. Pauvres petites choses, celles-ci seraient déjà confites dans le désengagement, tétanisées par leur irrépressible demande de réassurance, ultraligotées à leurs consommations numériques ?

Et si, au contraire, ce vagabondage à poings serrés dans des poches crevées, cette bohème sous yourte très gogole interrogeaient la panique récurrente des parents attentionnés et surprotecteurs que nous sommes devenus, sans parler de notre besoin de géolocalisation permanente des dérives adolescentes.

Les demoiselles ayant regagné leurs nichoirs, la paix des familles étant restaurée malgré des extractions houleuses et les autorités judiciaires et politiques ayant géré l’affaire avec un tact bienvenu, on peut aisément décortiquer les mécanismes à l’œuvre, tout en avouant qu’on n’aurait pas aimé, mais alors pas du tout, se retrouver à la place des parents… abandonnés.

Le voyage initiatique. Ce besoin d'aller voir ai