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TRIBUNE

Identité culturelle et esthétique de la cagole

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Marseille, la révolution culturelledossier
par Charles Bové, Architecte et designer urbain
publié le 10 janvier 2013 à 19h06

Il n’y a pas plus de design marseillais que de design lyonnais, nantais ou strasbourgeois.

Il y a par contre de plus en plus d’artistes et de créateurs qui décident de vivre et de travailler à Marseille. Le choix de vivre quelque part n’est jamais neutre, surtout dans «une ville d’artistes qui n’aime pas les artistes» et qui empêche, cache, efface, détruit, chasse, les créateurs et les œuvres qu’elle produit comme une progéniture turbulente, mal élevée, pas présentable.

Vivre et travailler quelque part, c’est partager un certain mode de vie, certaines valeurs, une certaine façon de vivre ensemble.

C’est du côté de la littérature et des écrivains qu’il faut chercher les pistes. Tous ont observé les particularités de l’imaginaire marseillais autant pour en dire du bien que du mal, mais tous ont noté sa singularité et parfois ses paradoxes : exubérance des formes et des couleurs, réalisme et exotisme des sujets, provocation et anti-académisme parisien, individualisme et plaisir d’être ensemble, lyrisme, émotion et emphase jusqu’à la caricature, conscience et affirmation de sa différence.

Tous les artistes du Sud expriment plus ou moins ces caractéristiques, souvent méprisées par l’intelligentsia, les considérant comme des curiosités locales un peu folkloriques et somme toute assez vulgaires. Les ex-voto de Notre-Dame, les constructions sauvages, les tags, les bistrots de quartiers, les maisons de navigateurs, les fêtes communautaires, le folklore de l’OM et l’esthétique de la cagol