Le soir de Noël 2011, les pompiers sont appelés pour un feu de voiture dans une pinède près de Marseille. A l’intérieur du véhicule, ils trouvent trois cadavres serrés sur la banquette arrière. Trois jeunes gens des Micocouliers, petite cité marseillaise. Aucune douille autour, pas de suie dans leurs poumons : ils ont été exécutés ailleurs puis brûlés là, selon la méthode marseillaise du «barbecue». Conduite à Aix-en-Provence, l’affaire est confiée à la police judiciaire, qui travaille vite, et arrête l’été dernier deux auteurs et un commanditaire présumés. L’instruction est en cours, ils sont bien sûr présumés innocents. Mais, pour une fois, l’enquête ouvre une fenêtre qui permet de comprendre en détail les relations pouvant mener à de tels règlements de comptes, qui ont fait 24 victimes l’année dernière pour la seule ville de Marseille. Elle éclaire, aussi, sur la difficulté d’instruire dans cet environnement.
Chaîne en argent. Ce jour de Noël 2011, aux Micocouliers, une jeune fille, Syhem, présente son futur époux à sa famille. «Comme je n'ai pas de père, expliquera-t-elle aux enquêteurs, mon petit frère devait donner sa bénédiction.» Nouri (19 ans), passe en coup de vent, donne son accord, mange quelques biscuits et repart avec la voiture de Syhem. Le lendemain, en apprenant qu'une Audi A3 a été retrouvée avec trois corps calcinés à Septèmes-les-Vallons, à la lisière des quartiers Nord, la sœur comprend tout de suite. Une chaîne en argen