Magistrat antiterroriste depuis plus de dix ans, Marc Trévidic, 47 ans, a enquêté sur toutes sortes de filières d'islamistes armés partis s'entraîner dans les camps d'Al-Qaeda : afghane, irakienne, pakistanaise et malienne. Il a ainsi recensé sur ses seules connaissances 175 jihadistes pour le territoire français depuis les attentats de 1995, avec de plus en plus de mineurs et de femmes. Il comptabilise «10 à 15 jeunes français» qui combattent au côté d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) dans le Nord-Mali. Le juge Trévidic instruit en effet quatre dossiers sur des jihadistes français originaires d'Afrique noire ayant rejoint le Mali pour s'entraîner, ce qui constitue à ses yeux «une nouvelle menace pour la France» : «Les Franco-Maliens n'ayant pas besoin de visa, s'ils prétendent partir pour voir leur famille à Bamako mais qu'ils se rendent à Tombouctou [ville contrôlée par les islamistes, ndlr], on ne maîtrise pas grand-chose», dit-il à Libération.
«Représailles». Ce territoire malien où la charia est appliquée - «comme à l'époque des talibans en Afghanistan» - est bien «plus attractif et proche» que la Syrie ou le Waziristan (Pakistan) pour «nos jeunes Français musulmans noirs», qui ont ainsi trouvé une terre de jihad : «La différence de taille, c'est que la France est l'ennemie bien identifiée. Le fait d'intervenir seuls militairement nous désigne encore plus comme l'unique ennem