Amira a pris «conscience de [ses] facilités par rapport à l'école» quand elle fréquentait le collège Marie-Curie, un établissement classé en ZEP (zone d'éducation prioritaire) situé dans le quartier populaire de Simplon (Paris XVIIIe). A l'époque, ses moyennes oscillaient entre 17 et 19 dans toutes les matières, «sauf en langues» où elle «avait plutôt 14». Une «mauvaise note», rigole-t-elle. Aujourd'hui Amira, 18 ans, est en maths sup au lycée Janson-de-Sailly, l'une des prépas les plus cotées de Paris, après avoir décroché son bac S au lycée Louis-le-Grand. La jeune fille a accompli ce parcours scolaire, en logeant pendant toutes ces années dans un studio de 27 m², avec sa mère, sa sœur, et un frère handicapé mental. Sa famille fait partie de ces ménages parisiens très mal logés oubliés des attributions de HLM. «Quand j'étais à Louis-le-Grand, pour réviser je me levais parfois à minuit et je travaillais jusqu'à 1 heure ou 2 heures du matin dans le calme quand tout le monde dormait.» Il lui est aussi arrivé «d'aller étudier dans la cage d'escalier de [son] immeuble».
Admission. Aujourd'hui, sa mère, qui est assistante maternelle, fait partie des squatteurs qui occupent depuis une quinzaine de jours un immeuble de la rue de Valenciennes, près de la gare de Nord à Paris. Amira, que l'on rencontre dans une salle du rez-de-chaussée du bâtiment, dispose ce soir-là d'un créneau «d'une heure»