Menu
Libération

Un peuple de droite à l’école de la rue

Article réservé aux abonnés
Dans les archives de «Libé», il y a vingt-neuf ans. Pour protester contre la loi Savary qui menaçait d’abolir l’enseigne-ment privé, un million de personnes ont convergé à Paris. Rarissime.
publié le 18 janvier 2013 à 19h06

Plus d'un million de personnes dans les rues de Paris, l'événement est exceptionnel. Il confine au jamais-vu. Il faut remonter la légende du pavé parisien pour trouver des équivalents : les 13 et 30 mai 1968, qui opposaient déjà le peuple du mouvement et le peuple de la peur, ou les obsèques des morts de Charonne. Et c'est tout pour la Ve République. On peut retourner ce fait millionnaire en tous sens, le diluer dans l'enchevêtrement des causes et des circonstances, il s'impose comme une vérité de la société française d'aujourd'hui. Ambiguë, paradoxale ou encombrante, mais impossible à évacuer.

Il y a une dialectique de la rue et de la liberté. Lorsqu’elle fonctionne, elle est capable de rassembler les grandes foules manifestantes, de produire des levées en masse. Une fraction de la population vit, de toute évidence, le projet de loi Savary (adopté en première lecture à l’Assemblée) comme une menace d’abolition de l’enseignement privé, comme la confiscation potentielle d’une liberté fondamentale : celle de l’enseignement. Et la bénédiction offerte par l’épiscopat - auréolé depuis les événements de Pologne d’une autorité morale toute neuve dans le domaine des libertés - a légitimé pour beaucoup l’engagement dans ce combat, devenu celui des libertés. Inévitablement, il devait rencontrer l’opposition politique.

C’est ce qui s’est passé, triomphalement, dimanche. Car l’événement de cette manifestation, ce n’est plus tellement le succès des mouvements pour le pluralisme