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Comment la police compte les manifestants

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La préfecture de police s'agace de voir ses méthodes de comptage sans cesse remises en cause. Détail d'une technique pour le moins artisanale.
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publié le 27 janvier 2013 à 19h04

Clic, clic... Clic... L’oeil rivé sur la chaussée, l’officier de police actionne son compteur dès qu’il dénombre dix manifestants. Que ce soit pour ou contre le mariage homosexuel, la méthode est la même, martèle la préfecture de police de Paris (PP), fatiguée de voir sa probité mise en doute.

Il a beau dire que les attaques le touchent «de moins en moins», le directeur du Renseignement de la PP (DRPP), René Bailly, accepte mal que l’on «remette en question la loyauté» de ses agents, qui travaillent «sans être instrumentalisés».

Après la «manif pour tous» rassemblant les opposants au mariage homosexuel le 13 janvier, des voix s'étaient élevées, exigeant que la préfecture justifie ses méthodes de comptage. Alors que les organisateurs évoquaient 800.000 participants, la PP en avait compté 340.000, un chiffre confirmé par les enregistrements vidéo visionnés durant 30 heures et mis à disposition de la presse.

Alors que les défenseurs du mariage pour tous s'écoulent le long du boulevard Saint-Michel, un oeil les épie. Ou plutôt trois paires d’yeux. Ceux de Catherine, Jean-François, officiers à la DRPP, et Gilles, vidéaste, qui filme le défilé pour un recomptage le lendemain.

Ils ont installé leur repaire chambre 204. L’endroit est exigu mais il a l'énorme avantage d’avoir été mis à disposition par le gérant de l’hôtel.

«C’est parfois très compliqué de trouver un endroit pour le comptage», reconnaît le commissaire Jean-Michel Avon de la DRPP : «On a mis quasiment toute la semaine pour