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Témoignage

Mariage pour tous : «On a été les pionniers»

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A l’heure du débat à l’Assemblée, Noël Mamère raconte la première union homo qu’il avait célébrée comme maire de Bègles.
Stéphane Chapin, aide-soignant de 34 ans, et Bertrand Charpentier, magasinier. (Photo AFP)
publié le 28 janvier 2013 à 22h36

«Quand elle a appris, en 2004, que j’allais marier deux hommes, ma mère m’a traité de petit con. Ma belle-sœur m’a écrit des choses dures. Je ne pouvais pas les faire changer d’avis. Ma famille est généreuse mais catholique, avec une vision étriquée de la société. Finalement, c’est aussi ce qui a contribué à donner une validité à ce mariage : je ne suis pas "de la communauté", comme on dit.

«Tout a commencé en janvier : Sébastien Nouchet affirmait avoir été grièvement brûlé parce qu’il était homosexuel. Peu après, un Manifeste pour l’égalité des droits était rédigé, demandant l’ouverture du mariage civil aux homosexuels, avec une pétition qui a recueilli 3 000 signatures. Elle invitait les maires à marier. Je l’ai signée, comme Clémentine Autain et Christophe Girard, alors adjoints au maire de Paris. Mais très vite, Delanoë a mis son veto. Peu après, un jour où j’étais à Paris, on m’a appelé de Bègles pour me dire que deux gars s’étaient présentés à la mairie pour se marier. J’ai répondu : "On les marie !" J’étais solidaire de cette action. Je n’imaginais pas une seule seconde qu’elle prendrait cette ampleur. Ça a été le début du parcours du combattant. On était les pionniers.

Pied-de-biche. «Je me suis retrouvé contre une partie de la majorité et du gouvernement UMP, contre la justice, contre des journalistes. On a dit que j'avais fait ça pour les caméras, moi qui ai parlé pendant quinze ans devant ! La querelle a commencé très tôt. Et avec, les courriers, le