La docteure Joëlle Brunerie-Kauffmann est une figure de la gynécologie française. Pendant près de quarante ans, elle a été de tous les combats pour les droits des femmes, pour la diffusion de la contraception, pour l’IVG, mais aussi pour l’aide à la procréation médicalement assistée (PMA).
Comment réagissez vous devant ces emballements en série autour de la pilule ?
Les mots sont difficiles à choisir, quand on sait qu’il y a eu des accidents, qu’il y a des jeunes femmes qui sont mortes, d’autres handicapées, même si c’est un nombre infinitésimal car le risque de la pilule est faible, très faible. Ces précautions mises à part, tout ce qui ressort aujourd’hui, nous le connaissons depuis quarante-cinq ans. Ensuite, j’ai peur que dans ce tumulte, on oublie combien l’arrivée de la contraception a provoqué un changement incroyable, libérant la femme, lui permettant de travailler. Une autre vie devenait possible.
La révolution provoquée par l’arrivée de la pilule n’a-t-elle pas fait oublier, dès le départ, ses effets secondaires ?
Nullement. Dès le début, on a entendu des choses terribles, on disait que la pilule allait donner le cancer, qu’elle rendait stérile, qu’elle modifiait la libido, ou encore que les femmes allaient devenir énormes. C’était cela, le discours ambiant : un discours de danger. Or, on s’est très vite rendu compte que ce n’était pas vrai, que toutes ces craintes étaient fantasmatiques. Pour autant, très vite aussi, nous avons constaté des phlébites chez nos patientes. C’était rare, mais nous les avons vues aussitôt… Bref, ces accidents-là, aussi peu fréquents soient-ils, se sont tout de suite inscrits dans l’histoire de la pilule. Et de ce fait, nous avons s